La grande majorité des navires adhérents de l’OPN sont immatriculés dans les quartiers maritimes de Caen et de Cherbourg, couvrant les ports normands depuis Honfleur jusqu’à Granville. Il vient s’y ajouter un nombre croissant de navires basés en Seine Maritime et quelques navires britanniques débarquant plus ou moins régulièrement leur production dans les criées de la Manche, de l’Ille et Vilaine et des Côtes d’Armor.
Les adhérents de l’OPN sont tous des pêcheurs artisans possédant en général un seul navire sur lequel ils naviguent en commandement. Les principales pêcheries sont les suivantes :
Le chalutage hauturier
Il est pratiqué par une quinzaine de navires de 18 à 24 mètres basés dans les ports de Cherbourg et Port en Bessin et travaillant dans les zones Manche Est, zone CIEM VIId et Manche Ouest, zone CIEM VIIe, pouvant s’étendre vers l’ouest en été aux zones CIEM VIIf et g, toutefois moins pratiquées depuis quelques années du fait du coût du carburant, de restrictions d’accès à ces zones et d’une recherche de pêche de proximité pour favoriser la qualité des débarquements. De plus, ces navires réalisent une part significative de leur activité dans les eaux britanniques adjacentes : ils suivront de près le brexit. Les espèces capturées sont très variées avec une grande importance saisonnière des céphalopodes (seiche et encornet). Ces navires comptent aussi sur des espèces sous quotas de pêche européen pour assurer leur rentabilité : raies, lieu jaune, merlan, cabillaud (ou morue commune), églefin, plie… Ces producteurs sont soumis pour la Manche Est aux plans cabillaud et sole encadrant l’usage des engins utilisés (chaluts de fond et sennes).
Le chalutage pélagique
Il est exercé à titre principal par deux paires de chalutiers travaillant en « bœufs » à partir des ports de Cherbourg et de Granville. Ils ciblent principalement le bar et la dorade grise et, pour deux d’entre eux, le maquereau et le chinchard saisonnièrement. Ils peuvent compléter ce métier principal par le chalut de fond pour l’un des couples et la senne « écossaise » pour l’autre.
Le métier de la drague en alternance avec le chalutage côtier
C’est un métier très répandu sur le littoral normand. Il concerne environ 150 navires, principalement compris entre 10 à 16 mètres, et cible principalement la coquille Saint-Jacques en Manche Est et Ouest durant la saison réglementaire en France qui s’étend au maximum du 1er octobre au 15 mai. Les zones exploitées sont à la fois côtières à l’intérieur des eaux territoriales françaises mais aussi plus hauturières à l’extérieur des 12 milles. La drague utilisée est la drague dite « anglaise » constituée de dragues de 80 centimètres de larges montées sur des tangons en général au nombre de deux et quelquefois trois. Elle permet d’accéder à tous les types de fonds meubles.
Cette pêcherie fait l’objet depuis de nombreuses années d’une gestion professionnelle et administrative mais qui ne s’impose qu’aux seuls navires français. La réglementation européenne se limite à des tailles minimales et un régime d’encadrement de l’effort de pêche. D’autres coquillages peuvent être exploités en complément à la drague : la praire en Manche Ouest, la moule de pêche dans l’Est du Cotentin et le pétoncle blanc ou vanneau mais avec un chalut spécialisé.
Ces navires polyvalents pratiquent au moins un autre métier en complément, en général le chalut de fond visant soit les espèces benthiques comme la sole et la seiche, soit des espèces plus pélagiques comme le maquereau en Manche Est. Ils sont pour ce métier très dépendants des espèces sous quota européen. Enfin, certains utilisent saisonnièrement le chalut à crevette grise dans l’Est de la Baie de Seine.
Le filet
Il est pratiqué majoritairement par de petits navires de 7 à 10 mètres visant la sole au trémail. Ils peuvent utiliser en complément des filets à grande mailles pour d’autres espèces saisonnièrement comme le cabillaud, les raies, le bar ou le rouget-barbet.
Des navires plus grands de 10 à 14 mètres peuvent pratiquer le métier du filet en complément de la drague à coquille Saint-Jacques. Ils visent en général la sole et en complément, pour certains, le turbot.
Le casier
Ce métier se divise en trois types :
Le casier à bulot : il est pratiqué par des navires de 8 à 12 mètres, à l’Ouest du Cotentin mais aussi de plus en plus en Baie de Seine et Manche Est. Certains peuvent utiliser le filet en complément pour la sole.
Le casier à crustacés : il est surtout pratiqué par des navires de 8 à 12 mètres à l’Ouest et à l’Est de la presqu’île du Cotentin et vise l’araignée, le homard et le tourteau principalement.
Le casier à seiche : c’est un métier très saisonnier se pratiquant durant un à deux mois au printemps à l’ouest du Cotentin ou en Baie de Seine.
Ces navires en général polyvalents peuvent pratiquer d’autres métiers comme le filet, la palangre ou la ligne traînante.
La palangre
C’est un métier devenu saisonnier et pratiqué par des navires côtiers du Nord du Cotentin. Il vise principalement le congre et certaines espèces de requins dont certaines sont aujourd’hui soit interdites de pêche comme la taupe ou l’aiguillat, soit interdites à la palangre comme le Requin Ha, ce qui compromet la rentabilité de cette pratique. Ces navires pratiquent d’autres métiers en complément : drague, chalut, casier …
La ligne traînante
C’est un métier spécialisé pratiqué comme activité unique par de petits navires de 6 à 9 mètres. Ils ciblent principalement le bar à partir des ports de Barfleur, Saint-Vaast-la-Hougue ou Port en Bessin. Ils capturent en complément le lieu jaune, espèce sous quota européen. Pour ce métier, le renforcement des règles européennes d’encadrement sur le bar avec notamment l’augmentation de la taille minimale à 42 cm, vient remettre en cause la rentabilité de leur exploitation sans vraiment de possibilités de reconversion.